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Modèles théoriques expliquant les mauvais rêves et les cauchemars

Alexandre Lemyre, M.A., Ph.D.

J'ai étudié la psychologie à l'Université Laval, Canada, où j'ai obtenu un baccalauréat, une maîtrise et un doctorat. Je suis un chercheur en psychologie, pas un psychologue (je ne suis pas accrédité pour faire de la psychothérapie). Ma thèse doctorale consistait à développer et tester une nouvelle théorie de la fonction des rêves. Au cours de mes études, j'ai également travaillé sur plusieurs projets de recherche en lien avec les rêves, les cauchemars, l'insomnie, l'anxiété et la consommation de substances. Depuis août 2021, je suis stagiaire postdoctorale au Centre d'Études sur le Trauma (CÉT), qui fait partie du Centre de recherche de l'Institut Universitaire de Santé Mentale de Montréal (IUSMM). J'y étudie les conséquences de l’exposition à la violence chez les travailleurs sociaux, les déterminants des troubles du sommeil (cauchemars et insomnie) à la suite d’un traumatisme, ainsi que le traitement des cauchemars chroniques. J'ai un intérêt particulier pour l'utilisation des technologies (p.ex., applications mobiles) pour le traitement des difficultés psychologiques.

Le contenu de cet article a été mis à jour le 1er février 2022. 

Introduction

Pourquoi certaines personnes font-elles des mauvais rêves et des cauchemars ? Pourquoi les cauchemars disparaissent et reviennent, étant rares ou absents pendant des semaines, des mois ou des années, avant de réapparaître ? C’est une chose d’essayer d’identifier les causes (ou « déclencheurs ») des cauchemars, ça en est une autre d’expliquer les processus psychologiques par lesquels des événements, des états affectifs ou des états mentaux conduisent aux cauchemars. Pour être honnête, je ne suis pas satisfait de l’état actuel de notre compréhension de l’étiologie (c.-à-d. le développement et le maintien) des cauchemars. Dans la plupart des cas, les processus psychologiques causaux qui ont été proposés pour expliquer les cauchemars ne sont pas clairs, manque de spécificité, ou demeurent non testés (c’est-à-dire qu’il y a peu ou pas de preuves scientifiques venant appuyer l’existence de ces processus). Néanmoins, certaines théories et hypothèses intrigantes ont été avancées. Je vais donc les présenter brièvement dans le présent article.

Les travaux du Dr Nielsen et de ses collaborateurs

En 2021, le Dr Tore Nielsen est professeur titulaire à l’Université de Montréal et directeur du laboratoire des rêves et cauchemars. Il a contribué à trois modèles théoriques complémentaires portant sur les cauchemars, à savoir le modèle de dysfonctionnement du réseau affectif (« Affect Network Dysfunction model »; Levin et Nielsen, 2007), l’hypothèse d’accélération du stress (« Stress Acceleration Hypothesis of nightmares »; Nielsen, 2017) et le modèle de la susceptibilité différentielle (« Differential Susceptibility Framework »; Carr et Nielsen, 2017). Les deux dernières théories peuvent être considérées comme complémentaires au modèle de dysfonctionnement du réseau affectif.

Le modèle de dysfonctionnement du réseau affectif

Si une personne qui a une phobie des chiens choisit de s’exposer à un chien (d’abord en s’en approchant, puis en le flattant) dans un contexte sécuritaire (c.-à-d., sans risque réel d’être attaqué par le chien), un phénomène « d’habituation » se produira. Autrement dit, plus la personne reste longtemps en présence du chien, plus sa peur diminuera. Si la personne répète cet exercice plusieurs fois dans plusieurs contextes (c.-à-d., avec différents chiens et dans différents environnements), la peur des chiens elle-même finira par « s’éteindre ». Autrement dit, la personne ressentira peu ou pas de peur lorsqu’elle sera exposée à d’autres chiens dans l’avenir (à moins, bien sûr, que le chien en question soit clairement agressif). C’est ce qu’on appelle « l’extinction de la peur ». Cela ne fonctionne pas seulement avec les chiens, mais avec tout animal, personne, objet ou situation qui déclenche la peur sans causer de préjudice psychologique ou physique réel. Ce processus d’extinction de la peur est à la base de la thérapie d’exposition pour les troubles anxieux (Moscovitch et al., 2009).

Dans un article théorique hautement influent, Levin et Nielsen (2007) ont proposé que les rêves puissent remplir une fonction d’extinction de la peur. Selon ces auteurs, les rêves incorporeraient des stimuli anxiogènes (c.-à-d., des souvenirs d’objets, d’animaux, de personnes ou de situations qui déclenchent de la peur) dans un contexte de rêve sécuritaire. Ainsi, le rêveur expérimenterait un sentiment de peur/d’anxiété sans être blessé psychologiquement ou physiquement dans le rêve, ce qui produirait un phénomène d’habituation (le degré de peur ressentit par le rêveur diminuerait progressivement). En conséquence, à l’éveil, l’individu ressentirait moins de peur envers les stimuli anxiogènes auquel il a été exposé dans le rêve (Levin et Nielsen, 2007). Vous pourriez voir ce processus comme une forme de thérapie d’exposition dans vos rêves. Une limite de cette théorie est qu’elle n’explique pas la fonction des rêves qui ne comportent aucune émotion ou qui comportent des émotions autres que la peur/l’anxiété (p.ex., les rêves comportant des émotions principalement positives; Weiss, 2007). Par exemple, au moins un tiers de tous les rêves rappelés qui sont vécus lorsque les personnes dorment à la maison ont une valence émotionnelle principalement positive (Röver et Schredl, 2017; Schredl et Doll, 1998; Sikka et al., 2017). Pour plus d’informations à ce sujet, n’hésitez pas à lire un autre article sur les émotions dans les rêves.

Selon Levin et Nielsen (2007), les cauchemars représenteraient une dysfonction du rêve, à savoir que des stimuli anxiogènes seraient incorporés dans le rêve, mais dans un contexte de rêve qui n’est pas sécuritaire pour le rêveur. Les cauchemars seraient plus susceptibles de se produire lorsque les individus ont un haut niveau de détresse affective et de charge affective. La détresse affective est une tendance à réagir à des situations stressantes avec des émotions négatives accrues (en d’autres termes, c’est le fait d’être plus sensible), tandis que la charge affective est l’accumulation de tous les facteurs de stress vécus par l’individu. Une détresse affective élevée et une charge affective élevée conduiraient à une hyperactivation de l’amygdale (une partie centrale du cerveau impliquée dans la production d’émotions, en particulier la peur) et à une sous-activation du cortex préfrontal, qui est impliqué dans la régulation des émotions. Cet état cérébral empêcherait le rêve d’incorporer un contexte sécuritaire avec les stimuli anxiogènes, conduisant à l’expérience d’un cauchemar. Ainsi, l’habituation aux stimuli anxiogènes ne pourrait pas avoir lieu dans les cauchemars.

En résumé, les cauchemars constitueraient un échec de la fonction normale du rêve, lequel serait causé par une détresse affective et une charge affective élevées. Cette approche théorique a gagné une reconnaissance substantielle ces dernières années, comme en témoigne son incorporation dans un modèle étiologique des cauchemars rédigé par plusieurs chercheurs reconnus dans le domaine de la recherche sur le sommeil et les rêves (Gieselmann et al., 2019). Cependant, en considérant l’état actuel de la documentation scientifique sur les rêves, je pense qu’il est beaucoup trop tôt pour conclure que la fonction du rêve est d’éteindre les peurs, ou que les cauchemars constituent un échec de cette fonction. En fait, la plupart des processus psychologiques sous-jacents à cette théorie (par exemple, l’habituation de la peur en présence de stimuli anxiogènes dans les rêves, la réduction subséquente de la réaction de peur envers ces stimuli à l’éveil) n’ont pas été directement testés. C’est une question que j’ai abordée en détail dans ma thèse de doctorat (Lemyre, 2021, pp. 37-42; rédigé en français).

L'hypothèse de l'accélération du stress

Certains cauchemars ne sont pas clairement liés à un événement traumatique précis : on les appelle des cauchemars idiopathiques. Selon Nielsen (2017), tout comme les cauchemars post-traumatiques sont liés à des traumatismes antérieurs, les cauchemars idiopathiques pourraient résulter d’expériences négatives en début de vie. En ce sens, le « déclencheur » des cauchemars post-traumatiques et des cauchemars idiopathiques serait le même : des expériences de vie hautement stressantes. Dans le cas des cauchemars post-traumatiques, ces expériences peuvent être remémorées et ont un caractère clairement traumatique, mais dans le cas des cauchemars idiopathiques, les expériences stressantes se seraient produites trop tôt dans la vie pour être remémorées (c.-à-d., pendant la période d’amnésie infantile, jusqu’à 3,5 ans) ou ne correspondraient pas à la définition couramment acceptée d’un événement traumatique (p.ex., une séparation maternelle, des formes modérées de négligence, des règles parentales incohérentes, ou peut-être même le « détrônement » par la naissance d’un frère ou d’une sœur; Nielsen, 2017).

Nielsen (2017) va plus loin en proposant son hypothèse d’accélération du stress. Selon cette hypothèse, les expériences stressantes en début de vie : 1) raccourciraient la période d’amnésie infantile, de sorte que des souvenirs difficiles qui auraient autrement été oubliés seraient rappelés, et 2) augmenteraient la propension à « l’apprentissage par la peur », ce qui signifie que l’individu développerait plus facilement des réactions de peur envers des personnes/objets/situations associées à des expériences négatives. Un meilleur rappel des souvenirs infantiles difficiles et une plus grande tendance à développer des réactions de peur augmenteraient la probabilité de faire des cauchemars plus tard dans la vie (Nielsen, 2017).

Le modèle de la susceptibilité différentielle

Selon ce modèle, les personnes qui font fréquemment des cauchemars auraient une plus forte Sensibilité au Traitement de l’Information Sensorielle (STIS; « Sensory Processing Sensitivity » en anglais). La STIS se caractériserait par une propension à expérimenter des réactions émotionnelles positives et négatives plus fortes, ce qui conduirait à un traitement plus approfondi de l’information sensorielle, une plus grande acuité face aux subtilités environnementales (p.ex., une facilité à détecter l’état émotionnel des autres) et une tendance à se sentir dépassé lorsque les stimuli sont trop intenses. Les individus qui ont une STIS élevée réagissent plus fortement aux conditions de vie positives et négatives. Plus précisément, pour les individus ayant une STIS élevée, une situation de vie positive conduirait à de la curiosité et à la recherche de plaisir, à des comportements prosociaux, et à des rêves positifs vivides et intenses. À leur tour, ces rêves favoriseraient une émotion d’espoir et d’excitation à l’éveil. Du côté négatif de ce spectrum, pour les individus ayant une STIS élevée, une situation de vie négative conduirait à une perception de danger, à un rétrécissement de l’attention vers les informations menaçantes, et à des mauvais rêves ou des cauchemars. À leur tour, ces cauchemars favoriseraient une émotion d’impuissance et d’anxiété à l’éveil. Bien sûr, ces modes de réaction peuvent aussi être observés chez les individus qui ont une faible STIS, mais moins fréquemment ou dans une moindre mesure. Pour résumer, le modèle de la susceptibilité différentielle suggère que les individus qui ont une STIS élevée ont tendance à faire l’expérience de rêves positifs vivides lorsque leur situation de vie est plus positive; à l’inverse, elles auraient tendance à faire l’expérience de mauvais rêves et de cauchemars lorsque leur situation de vie est plus négative (Carr et Nielsen, 2017).

Le lien entre les cauchemars et la possible fonction de régulation émotionnelle par les rêves

Les théories qui attribuent une fonction de régulation émotionnelle aux rêves

Plusieurs études rigoureuses ont démontré que le sommeil facilite la formation de nouvelles connexions en mémoire (Diekelmann et Born, 2010; Feld et Born, 2017; Lewis et Durrant, 2011; Rasch et Born, 2013; Stickgold et Walker, 2013; Walker et Stickgold, 2010). Il a été suggéré que la formation de ces nouvelles connexions pourrait se refléter dans les rêves. Certains chercheurs suggèrent même que les rêves seraient impliqués de manière causale dans certains processus liés à la mémoire (Wamsley, 2014). Selon les théories de Hartmann (2011), Malinowski et Horton (2015) et Cartwright (2011), la formation de nouvelles connexions entre des souvenirs récents chargés émotionnellement et des réseaux mnémoniques en mémoire à long terme – laquelle serait reflétée dans les rêves ou causée par les rêves – serait responsable pour une réduction des émotions négatives à l’éveil. Spécifiquement, grâce à ces nouvelles connexions, la personne éprouverait moins d’émotions négatives de manière générale ou elle réagirait moins fortement en réponse à certaines situations stressantes ou négatives. Malheureusement, sur le plan théorique, les auteurs de ces théories ne décrivent pas de mécanisme clair et spécifique pour expliquer comment la formation de nouvelles connexions en mémoire durant le sommeil pourrait conduire à une diminution des émotions négatives à l’éveil. Pour cette raison, je n’élaborerai pas sur ce sujet.

Cauchemars post-traumatiques et régulation des émotions

Selon Hartmann (1996, 1998, 2007, 2011), les cauchemars post-traumatiques sont les meilleurs exemples de rêves qui remplissent leur fonction de régulation émotionnelle. Plus précisément, ces cauchemars permettraient de former des liens entre les souvenirs de l’événement traumatique et des réseaux en mémoire à long terme, ce qui contribuerait à la réduction des symptômes du trouble de stress post-traumatique (TSPT) et favoriserait la résilience face des événements stressants dans le futur. Malheureusement, ce point de vue est difficile à concilier avec la documentation scientifique sur les conséquences négatives des cauchemars. Ces conséquences peuvent inclure une réduction de la qualité et de la quantité de sommeil, de la fatigue, un manque de concentration, des émotions négatives à l’éveil et des diffultés dans le fonctionnement professionnel ou social (Köthe et Pietrowsky, 2001; Lemyre et al., 2019; Pietrowsky et Köthe, 2003). L’effet thérapeutique hypothétique des cauchemars post-traumatiques est également difficile à concilier avec les données suggérant que les cauchemars contribuent au développement et à la persistance des symptômes de stress post-traumatique (Spoormaker et Montgomery, 2008). Par exemple, l’expérience de cauchemars avant un déploiement militaire (qui implique un risque élevé d’exposition à des événements traumatisants) prédit positivement l’expérience de symptômes de stress post-traumatique six mois après le déploiement (van Liempt et al., 2013). De plus, des études de traitement ont montré que la thérapie par répétition et révision de l’imagerie mentale – un traitement psychologique efficace pour traiter les cauchemars chroniques – réduit les symptômes de stress post-traumatique, suggérant une implication des cauchemars dans le maintien de ces symptômes (Casement et Swanson, 2012). Il convient toutefois de noter qu’une étude plus récente comparant deux traitements (thérapie par répétition et révision de l’imagerie mentale + thérapie cognitivo-comportementale pour le trouble de stress post-traumatique VS thérapie cognitivo-comportementale seule) n’a pas supporté l’hypothèse selon laquelle les cauchemars contribuent au maintien du trouble de stress post-traumatique (Belleville et al., 2018). Dans l’ensemble, il me semble que l’hypothèse d’un effet thérapeutique des cauchemars sur les symptômes de stress post-traumatiques manque de crédibilité.

Les cauchemars reflètent-ils un échec de la formation de nouvelles connexions en mémoire durant le sommeil ?

En présentant leurs théories respectives, Malinowski et Horton (2015), et Cartwright (2011) ont adopté une approche opposée en suggérant que les cauchemars constituent un dysfonctionnement du rêve. Selon Cartwright (2011), les cauchemars qui provoquent l’éveil interrompent le rêve, l’empêchant ainsi de remplir sa fonction de régulation des émotions. Malheureusement, dans cette théorie, les processus psychologiques responsables de l’expérience des cauchemars (lesquels doivent être différenciés des « déclencheurs » des cauchemars) manquent de clarté et de spécificité. 

Malinowski et Horton (2015) offrent une explication intéressante pour certains cauchemars. Selon ces auteurs, les mêmes processus impliqués dans l’imagerie mentale (c.-à-d., la capacité à imaginer des événements hypothétiques et à se souvenir d’événements passés) sont également impliqués dans la production de rêves. Lorsque la capacité à générer des images mentales est altérée, comme cela peut être le cas à la suite d’une expérience traumatisante, la production de rêves serait également affectée. Lorsque cela se produit, les rêves seraient moins « hyperassociatifs ». Concrètement, au lieu de faire l’expérience de rêves originaux et créatifs (c.-à-d., des rêves hyperassociatifs), l’individu ferait l’expérience de cauchemars post-traumatiques qui sont réplicatifs (c.-à-d., qui ressemblent au traumatisme qui a été vécu) et parfois répétitifs (Malinowski et Horton, 2015). Un inconvénient de cette explication est qu’elle ne peut pas être appliquée aux cauchemars idiopathiques (c.-à-d., des cauchemars qui ne sont pas clairement liés à une expérience traumatisante), ces derniers pouvant être aussi originaux et créatifs que les rêves ordinaires. Néanmoins, l’explication de Malinowski et Horton (2015) pourrait aider à expliquer l’efficacité de la thérapie par révision et répétition de l’imagerie mentale pour réduire la fréquence des cauchemars (Morgenthaler et al., 2018). En effet, cette thérapie implique la pratique de l’imagerie mentale, ou plus simplement, l’entrainement de son imagination (Krakow et Zadra, 2010). En théorie, cette pratique pourrait aider le cerveau à retrouver sa capacité à produire des rêves originaux et créatifs (c.-à-d., des rêves hyperassociatifs), lesquels remplaceraient les rêves post-traumatiques réplicatifs.

Théories évolutives du rêve

Certaines théories contemporaines de la fonction du rêve sont ancrées dans la psychologie évolutive. Ces théories s’appuient sur la prémisse que les gènes responsables de l’expérience des rêves ont été favorisés par la sélection naturelle puisque le rêve remplissait une fonction biologiquement adaptative. Par « fonction biologiquement adaptative », j’entends toute fonction qui aurait augmenté la valeur sélective de nos ancêtres. Ici, « valeur sélective » fait référence à la capacité d’un organisme à survivre et à se reproduire (c’est une définition simplifiée, mais elle suffit pour l’instant), alors que « nos ancêtres » fait référence à l’espèce chez laquelle la capacité de rêver est apparue. Ces idées peuvent être résumées en une phrase simplifiée : « Les théories évolutives de la fonction du rêve supposent que les humains modernes ont la capacité de rêver parce que cette capacité a augmenté la valeur sélective de nos ancêtres, c’est-à-dire leur capacité à survivre et à se reproduire. »

Puisque la seule manière fiable d’étudier le rêve est au travers des témoignages verbaux, il n’y a aucun moyen de savoir avec certitude si des espèces autres que les humains (par exemple, les chats, les chiens, les souris, etc.) expérimentent également une activité onirique durant le sommeil qui pourrait s’apparenter au rêve. Par conséquent, toutes les hypothèses concernant l’origine évolutive des rêves sont largement spéculatives. La capacité de rêver aurait pu émerger dans un premier temps chez nos ancêtres humains (Domhoff, 2018, pp. 264-265; Foulkes, 2017), chez un ancêtre commun à tous les mammifères (l’homme étant l’une des nombreuses espèces de mammifères), ou chez un ancêtre encore plus éloigné (Manger et Siegel, 2020; Murkar et Kamal, 2015).

Si le rêve a bel et bien augmenté la valeur sélective de nos ancêtres (que ce soit nos ancêtres humains ou nos ancêtres plus éloignés), les individus qui étaient capables de rêver auraient eu plus de descendants que les autres membres de leur espèce. Leur progéniture aurait été plus susceptible d’avoir les « gènes du rêve » (c.-à-d., les gènes responsables de la capacité de rêver). Au fil de nombreuses générations, la capacité de rêver se serait généralisée dans la population de cette espèce. Cette capacité se serait ensuite transmise d’une génération à l’autre sur une période de temps indéterminée (mais sans doute extrêmement longue) jusqu’à ce que l’humain moderne en hérite. Il convient de noter que la nature des rêves peut avoir évolué/changé considérablement durant ce long processus. Enfin, bien qu’il soit postulé que le rêve ait été adaptatif pour la valeur sélective de nos ancêtres vivant dans un milieu naturel, cela n’implique pas que le rêve soit toujours adaptatif pour les humains modernes dans notre environnement hautement transformé.

La théorie de la simulation de dangers

Selon la théorie de la simulation de dangers proposée par Revonsuo (2000), le rêve se spécialise dans la simulation des dangers qui sont pertinents pour la survie. Ce faisant, les rêves offriraient une opportunité de pratiquer des comportements d’évitement, ce qui serait utile pour faire face à des dangers réels à l’éveil. Une hypothèse centrale de cette théorie est que l’exposition à des dangers réels à l’éveil active le « système de simulation de dangers », ce qui entraînerait des rêves plus négatifs. Cela pourrait expliquer pourquoi le fait de vivre des événements traumatiques à l’éveil conduit souvent à l’expérience de cauchemars post-traumatiques. En résumé, les mauvais rêves et les cauchemars rempliraient une fonction spécifique : pratiquer son habileté à éviter les dangers (Revonsuo, 2000). Bien que cette fonction ait pu être utile pour nos ancêtres vivant dans un environnement naturel, il est possible qu’elle ne soit pas (toujours) utile dans notre environnement moderne.

Les études qui ont testé la théorie de la simulation de dangers ont obtenu des résultats mitigés. Dans plusieurs études, des étudiants universitaires ont complété un journal de rêve. Une analyse de ces rêves a montré qu’entre 35% et 77% d’entre eux contiennent au moins un danger. Des exemples de dangers en rêve sont les suivants : être poursuivis, vivre un accident ou une malchance, échouer à atteindre un objectif important, vivent une catastrophe, avoir une maladie ou un autre problème médical, ou être victimes d’une menace/agression verbale ou physique. Entre 44% et 63% des dangers dans ces rêves sont réalistes; les autres dangers (37-56%) sont réalistes mais peu susceptibles de se produire à l’état d’éveil, irréalistes, ou encore inclassable (Mathes et Schredl, 2016; Revonsuo et Valli, 2000; Valli et al., 2007). D’autres études dans lesquelles des étudiants universitaires ont rapporté leur rêve le plus récent ont montré que seulement 8 à 13% des rêves comportent des événements réalistes posant un danger à la vie du rêveur (Malcolm-Smith et Solms, 2004; Malcolm-Smith et al., 2008). En utilisant la même approche méthodologique, Malcolm-Smith et al. (2012) ont observé que 73% des rêves comportent des comportements d’approche en réponse à l’événement central du rêve; les comportements d’évitement n’étaient prédominants que dans 27% des rêves. Pour résumer, bien que les dangers soient plus communs dans les rêves que dans la vie éveillée, les dangers réalistes dans les rêves – en particulier, ceux qui menacent la vie du rêveur – demeurent rares.

Quelle peut être la fonction des rêves qui ne contiennent pas de dangers (du moins, pas de dangers réalistes) ? Selon la théorie de la simulation sociale développée par Revonsuo et al. (2015), les rêves pourraient simuler des situations sociales. Ce faisant, les rêves permettraient de pratiquer des compétences cognitives, telle que la reconnaissance des états affectifs chez autrui. La pratique de ces compétences dans les rêves aurait aidé nos ancêtres humains à naviguer leurs réseaux sociaux à l’éveil. Selon ces auteurs, pour nos ancêtres humains, les compétences facilitant les interactions sociales et la coopération auraient été aussi utiles que les compétences d’évitement des dangers pour survivre et se reproduire dans un environnement naturel (Revonsuo et al., 2015; Tuominen, Revonsuo, et al., 2019). La grande majorité des rêves contiennent des personnages humains (Domhoff, 1996, chapitre 4) et les interactions sociales sont plus fréquentes dans les rêves que dans la vie éveillée (McNamara et al., 2005; Tuominen, Stenberg, et al., 2019), ce qui soutient la théorie de la simulation sociale. De même, les rêves comportent rarement des activités quotidiennes telles que la lecture, l’écriture ou l’arithmétique (Hartmann, 2000), qui sont généralement des activités pratiquées de manière solitaire. Pour finir, il importe de souligner que Revonsuo et ses collaborateurs ne précisent pas la fonction des rêves et des cauchemars mettant en scène des personnages humains menaçants. Ainsi, il demeure incertain si ces rêves remplissent une fonction de simulation de dangers, une fonction de simulation sociale, ou encore les deux.

La théorie de la signalisation coûteuse

McNamara et Szent-Imrey (2007) ont proposé une théorie de la signalisation coûteuse, laquelle est également ancrée dans la psychologie évolutive. Plus précisément, cette théorie de la fonction des rêves est ancrée dans la théorie de la sélection sexuelle. Selon cette dernière, certains signaux coûteux (c.-à-d., des signaux difficiles à simuler, comme les bois d’un cerf) sont associés à des gènes favorisant la valeur sélective et servent à communiquer (signaler) ces gènes. Ces auteurs suggèrent qu’un sommeil paradoxal intense (c.-à-d., le stade de sommeil le plus fortement associé à l’expérience des rêves), l’expérience de rêves dysphoriques et l’humeur négative qui en résulte à l’éveil pourraient constituer un signal coûteux. Ainsi, l’humeur négative découlant des rêves dysphoriques, ou encore la capacité à s’épanouir malgré une humeur négative signalerait aux autres la présence de gènes favorables, ce qui favoriserait la formation (ou la consolidation) des liens sociaux et la quête d’un partenaire sexuel. Au minimum, une humeur négative au réveil pourrait déclencher l’empathie de ses congénères et les motiver à baisser leurs défenses psychologiques, facilitant les collaborations (McNamara et Szent-Imrey, 2007). Personnellement, j’ai encore de la difficulté à pleinement comprendre cette théorie, car elle contient plusieurs hypothèses qui ne sont pas toujours interreliées de manière claire.

La théorie de la pré-activation des sentiments par les rêves

Au fil des ans, plusieurs chercheurs bien connus dans le domaine de la recherche sur les rêves ont suggéré que les préoccupations influencent les rêves (Domhoff, 1996, 2011; Hartmann, 1996, 2011; Schredl, 2003, 2015). Par exemple, les femmes enceintes rêvent plus souvent à une grossesse, à un accouchement ou à la maternité que les femmes qui ne sont pas enceintes (Dagan et al., 2001; Lara-Carrasco et al., 2013; Nielsen et Paquette, 2007; Sabourin et al., 2018 ), les femmes en situation de divorce rêvent parfois de leur ex-conjoint (Cartwright et al., 2006), les personnes en deuil rêvent parfois de l’être cher qu’elles ont perdu (Barrett, 1992; Black et al., 2019), de nombreux individus ayant un trouble lié à l’usage de substances font des rêves dans lesquels ils voient ou utilisent une substance (Colace, 2014; Johnson, 2012), et une grande proportion des étudiants qui anticipent un examen important ont des rêves comportant un thème d’évaluation (Arnulf et al., 2014).

Dans le cadre de ma thèse doctorale, mes superviseures et moi-même avons développé la théorie de la préactivation des sentiments par les rêves (Lemyre et al., 2022). Selon cette théorie, seules les préoccupations orientées vers l’avenir influencent les rêves. Ces préoccupations orientées vers l’avenir se divisent en deux catégories : les événements anticipés gratifiants (c.-à-d., les événements anticipés susceptibles d’apporter du plaisir) et les événements anticipés aversifs (c.-à-d., les événements anticipés susceptibles d’apporter du déplaisir).

Selon la théorie de la préactivation des sentiments, les rêves reproduiraient les sentiments anticipés associés aux événements anticipés. Un sentiment anticipé est un sentiment que nous anticipons vivre dans le futur en réaction à un événement aversif ou gratifiant. Par exemple, si vous anticipez vivre de la fierté (le sentiment anticipé) en cas de réussite à votre examen de conduite (l’événement anticipé gratifiant), vous pourriez vivre un rêve positif qui reproduit ce sentiment de fierté. De même, si vous anticipez vivre un sentiment de déception et de honte (le sentiment anticipé) en cas de licenciement à votre travail (l’événement anticipé aversif), vous pourriez vivre un rêve négatif qui reproduit ce sentiment de déception/honte. Notons que la plupart des sentiments anticipés seraient reproduits par des rêves qui ne ressemblent pas aux événements anticipés. Donc, dans l’exemple ci-dessus, le scénario de rêve qui reproduit le sentiment de déception/honte pourrait n’avoir aucun lien évident avec votre travail.

Les sentiments anticipés qui ont été reproduits dans les rêves (« fierté » ou « déception/honte » dans les exemples ci-dessus) resteraient pré-activé en mémoire après le réveil et durant la journée. Cela favoriserait le degré d’espoir/de désir ressenti par rapport aux événements anticipés gratifiants (p.ex., réussir l’examen de conduite) et le degré de peur ressenti par rapport aux événements anticipés aversifs (p.ex., être licencié). Par conséquent, la personne serait plus motivée à approcher les événements anticipés gratifiants (p.ex., en se pratiquant davantage en prévision de l’examen de conduite) et à éviter les événements anticipés aversifs (p.ex., en mettant plus de temps et d’énergie dans son travail afin de satisfaire son employeur). Il est suggéré que l’effet des rêves sur l’augmentation des comportements d’approche (pour les événements anticipés gratifiants) et des comportements d’évitement (pour les événements anticipés aversifs) aurait favorisé la valeur sélective de nos ancêtres dans leur environnement naturel.

En résumé, tous les rêves à valence négative, y compris les mauvais rêves et les cauchemars, serviraient à reproduire des sentiments anticipés négatifs associés à des événements anticipés aversifs. Ceci, à son tour, favoriserait la peur ressentie envers ces événements anticipés aversifs à l’éveil, augmentant la motivation à adopter des comportements d’évitement. Une implication intéressante de la théorie de la préactivation des sentiments est que les traumatismes entraîneraient des cauchemars post-traumatiques seulement lorsqu’ils créent de nouveaux événements anticipés aversifs (c.-à-d., des attentes négatives par rapport à l’avenir) ou qu’ils exacerbent les attentes négatives préexistantes.

Sommaire et conclusion

Plusieurs théories tentent d’expliquer l’expérience des mauvais rêves et des cauchemars. Plusieurs de ces explications sont mutuellement exclusives (c.-à-d., inconciliables les unes avec les autres). D’une part, les cauchemars ont été décrits comme un dysfonctionnement du rêve, bien que la nature de ce dysfonctionnement varie entre les théories. D’autre part, certains chercheurs ont suggéré que les cauchemars (et les rêves dysphoriquent plus généralement) remplissaient une fonction qui favorisait la valeur sélective de nos ancêtres. Il convient de souligner que la plupart des modèles théoriques expliquant les mauvais rêves et les cauchemars reposent sur la prémisse que le rêve est fonctionnel en premier lieu. En fait, l’existence même d’une fonction des rêves est encore hautement débattue parmi les chercheurs. Par exemple, dans son livre, Domhoff (2018) s’oppose à l’existence de toute fonction du rêve. Ma compréhension est que l’état de la documentation scientifique ne permet pas encore de déterminer si le rêve est fonctionnel ou non, un point de vue que je partage avec Springett (2019). Dans tous les cas, développer une meilleure compréhension de l’étiologie des cauchemars reste primordial, notamment pour améliorer les traitements psychologiques ciblant cette difficulté. 

Références

Arnulf, I., Grosliere, L., Le Corvec, T., Golmard, J.-L., Lascols, O., & Duguet, A. (2014). Will students pass a competitive exam that they failed in their dreams? Consciousness and Cognition, 29, 36-47. https://doi.org/10.1016/j.concog.2014.06.010

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