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L’exposition aux événements traumatiques de masse dans les médias : y a-t-il des risques psychologiques?

Par Constance Boulé

Étudiante à la maîtrise en psychoéducation, Université de Montréal, Canada | Octobre 2023

Cet article est initialement paru dans Traumag (automne 2023), un magazine publié par le Centre d’Études sur le Trauma affilié à l’Université de Montréal. L’autorisation pour republier cet article a été obtenue auprès des éditeurs du magazine et de l’auteure.

Un événement traumatique de masse fait référence à un événement réel lors duquel l’intégrité physique ou la vie d’un groupe de personnes a été menacée et/ou atteinte (Tarvydas et al., 2017). Au Québec, l’accident ferroviaire de Lac-Mégantic en 2013 est un exemple d’événement traumatique ayant fait l’objet d’une grande couverture médiatique. Il en est de même pour l’attaque d’une garderie de Laval par un chauffeur d’autobus en 2023. De nos jours, il devient de plus en plus difficile d’échapper à la présence de tels événements dans les médias. Avec le développement des technologies de l’information et l’utilisation grandissante des médias sociaux, la population générale peut accéder plus facilement à des récits et des images frappantes d’événements potentiellement traumatiques. En effet, il est possible d’y accéder simplement en allumant son téléviseur, son ordinateur ou son téléphone cellulaire (Holman et al., 2020). Conséquemment, l’exposition à de tels événements dans les médias peut présenter un risque pour l’audience.

On peut se poser la question suivante : peut-on développer un trouble de stress post-traumatique (TSPT) après avoir été exposé à un événement traumatique de masse dans les médias? La réponse est non. Selon le DSM-5, l’exposition de manière répétée ou extrême à des détails horribles d’un événement traumatisant constitue un critère au diagnostic de TSPT. Par contre, ce critère ne s’applique pas à une exposition se faisant par le biais des médias électroniques, de la télévision, des films ou des photos, sauf si cela est lié au travail (APA, 2013).

Il ne faut tout de même pas négliger l’impact que peuvent avoir les médias sur leur audience, surtout lorsqu’un événement traumatique de masse se produit. Dans de telles circonstances, l’audience se retrouve plus à risque de développer des réactions liées à la dépression, à l’anxiété et surtout au stress post-traumatique (Bernstein et al., 2007; Holman et al., 2020). Il est normal de vivre de telles réactions après avoir vu des contenus potentiellement traumatiques dans les médias. Généralement, celles-ci sont plus importantes sur le moment et elles tendent à diminuer avec le temps. Pour certaines personnes, ces réactions se maintiennent plus longtemps ou plus intensément (Neria & Sullivan, 2011). Comment peut-on expliquer cela? En fait, certains éléments contribuent à la persistance des réactions de stress post-traumatique chez certains individus.

De façon générale, plus le nombre d’heures passées à consommer des informations relatives à un événement traumatique de masse est grand, plus le bien-être en sera affecté. Aussi, plus les contenus consommés dans les médias sont détaillés et explicites (e.g. images sanglantes ou scènes de violence), plus les symptômes de stress post-traumatique affecteront le fonctionnement de la personne dans son quotidien. Les individus qui sont géographiquement situés plus près de l’événement sont également plus à risque de vivre des réactions de stress post-traumatique (May & Wisco, 2016).

Aujourd’hui, l’omniprésence des médias sociaux (e.g. Facebook, Twitter, Instagram) augmente l’accessibilité à l’information de toute sorte. L’audience est alors plus à risque d’être exposée à des contenus potentiellement traumatiques. L’utilisation des médias sociaux tend donc à augmenter les réactions de stress post-traumatiques chez ceux qui les consultent régulièrement (Abdalla et al., 2021).

Bref, l’exposition à des événements traumatiques de masse dans les médias peut présenter un risque pour la santé psychologique. Dans le cas échéant, la vigilance et la modération sont conseillées afin de limiter sa consommation de contenus potentiellement traumatiques et afin de préserver son bien-être.

Réferences

Abdalla, S. M., Cohen, G. H., Tamrakar, S., Koya, S. F., & Galea, S. (2021). Media Exposure and the Risk of Post-Traumatic Stress Disorder Following a Mass traumatic Event : An In-silico Experiment. Frontiers in Psychiatry, 12, 674263. https://doi.org/10.3389/fpsyt.2021.674263

American Psychiatric Association. (2013). Diagnostic and statistical manual of mental disorders (5th ed.).

Bernstein, K. T., Ahern, J., Tracy, M., Boscarino, J. A., Vlahov, D., & Galea, S. (2007). Television watching and the risk of incident probable posttraumatic stress disorder: A prospective evaluation. Journal of Nervous & Mental Disease, 195(1), 41‑47. https://doi.org/10.1097/01.nmd.0000244784.36745.a5

Holman, E. A., Garfin, D. R., Lubens, P., & Silver, R. C. (2020). Media exposure to collective trauma, mental health, and functioning: Does it matter what you see? Clinical Psychological Science, 8(1), 111‑124. https://doi.org/10.1177/2167702619858300

May, C. L., & Wisco, B. E. (2016). Defining trauma: How level of exposure and proximity affect risk for posttraumatic stress disorder. Psychological Trauma, 8(2), 233‑240. https://doi.org/10.1037/tra0000077

Neria, Y., & Sullivan, G. M. (2011). Understanding the mental health effects of indirect exposure to mass trauma through the media. JAMA, 306(12), Article 1374. https://doi.org/10.1001/jama.2011.1358

Tarvydas, V. M., Levers, L. L., & Teahen, P. R. (2017). Ethical guidelines for mass trauma and complex humanitarian emergencies. Journal of Counseling & Development, 95(3), 260‑268. https://doi.org/10.1002/jcad.12140

Le contenu de cet article a été mis à jour le 22 octobre 2023

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