Immersion virtuelle pour la formation des futurs professionnels: une entrevue avec le professeur Steve Geoffrion
Par Rachel Primiani
Psychoéducatrice et étudiante au doctorat en psychoéducation, Université de Montréal, Canada | Octobre 2023
Cet article est initialement paru dans Traumag (automne 2023), un magazine publié par le Centre d’Études sur le Trauma affilié à l’Université de Montréal. L’autorisation pour republier cet article a été obtenue auprès des éditeurs du magazine et de l’auteure.
Dans le souci d’améliorer l’expérience étudiante en psychoéducation à l’Université de Montréal, des capsules interactives sont présentées aux étudiants afin de développer leurs compétences en intervention.
Quels sont ces projets de simulation immersive virtuels?
Ce sont sept capsules immersives demandant aux étudiants de se mettre en action face à une cliente en difficulté d’adaptation. Les étudiants doivent se mobiliser tant au niveau des savoirs, du savoir-être et du savoir-faire et répondre à une mise en situation. Ils sont impliqués dans toutes les étapes de l’intervention : la prise de contact, l’observation du milieu naturel, le plan d’intervention et la fin de l’intervention.
Pouvez-vous donner un exemple de simulation?
Une des scènes de mise en situation est une intervention auprès de la cliente à son domicile. Il s’agit d’un contexte d’intervention souvent mis en place en psychoéducation, permettant au professionnel d’intervenir dans l’environnement du client. Dans cette scène, l’étudiant peut prendre son temps, observer l’environnement, et ainsi s’immerger dans la situation d’intervention proposée. Il peut donc cliquer sur des points focaux afin de faire une collecte de données exhaustive. Entre autres, il peut relever la présence de bouteilles de médicaments sur le comptoir, de la lessive pêle-mêle dans le salon et plusieurs bouteilles d’alcool vides dans la cuisine. Cela permet aux étudiants d’avoir de plus amples informations sur la cliente et ainsi développer des compétences comme l’observation.
De quelle façon interagissent-ils avec la cliente?
Lors du visionnement, diverses possibilités d’intervention sont présentées à l’étudiant. Celui-ci doit choisir l’intervention qu’il juge optimale afin de poursuivre sa progression dans la simulation. En visionnant les capsules, les étudiants ont un choix de réponses comprenant différentes interventions. Par exemple, dans la simulation on retrouve une scène où il y a une certaine tension entre la cliente et l’intervenant, donc l’étudiant. Ce dernier doit prendre les bonnes décisions afin de permettre une désescalade. Plusieurs étudiants ont rapporté trouver cela assez confrontant. C’est exactement ce que nous souhaitons, car nous voulions introduire une situation réaliste à laquelle ils pourraient être confrontés dans leur pratique. Ce déséquilibre permet à l’étudiant de mettre en pratique plusieurs compétences comme l’observation mentionnée précédemment, les techniques d’entrevue, l’évaluation, la planification et la communication, tout cela dans un cadre d’apprentissage.
Les étudiants ont-ils apprécié l’exercice?
La réponse à notre première simulation a été très positive. C’est d’ailleurs en raison de ce succès que nous avons mis sur pied une autre simulation pour le cours de psychoéducation avancée en contexte de trauma. Cette fois-ci, elle était utilisée dans un contexte d’évaluation des apprentissages afin de mettre à l’épreuve les compétences et les connaissances de l’étudiant. La simulation est donc construite pour que l’étudiant évalue les besoins, puis qu’il explique au professeur, ou au chargé de cours, les grandes lignes de l’intervention qu’il mettrait en place. En fonction de ces explications, ce dernier choisit une avenue de réponse. L’étudiant est ensuite confronté à la réaction de la cliente face à ses interventions, ce qui lui permet de se réajuster, au besoin, dans les prochaines interventions.
Avec qui avez-vous mis sur pied ces simulations?
Nous étions une équipe comprenant professeurs universitaires, chargés de cours, responsable de formation pratique en psychologie, en psychoéducation, en criminologie et en travail social, et en plus, nous avons obtenu du soutien du centre de pédagogie universitaire. Un conseiller nous a suivi pour avoir le matériel nécessaire et pour la scénarisation pendant et après le tournage. Le centre nous a soutenus également dans l’élaboration des activités entourant la simulation.
Pour en savoir plus, vous pouvez visionner l’intégrale de cette entrevue disponible sur la chaîne Youtube du Centre de pédagogie universitaire de l’Université de Montréal.
Le contenu de cet article a été mis à jour le 21 octobre 2023