Les personnes atteintes de troubles du spectre autistique (TSA) ont parfois du mal à faire preuve d’empathie et à établir des relations avec les autres dans les situations sociales. L’entraînement aux habiletés sociales (EAS) est utilisé pour aider ces personnes à s’engager activement dans des contextes sociaux. Cependant, puisque certaines personnes atteintes de TSA ont du mal à comprendre comment leurs comportements affectent les autres, elles peuvent manquer de motivation pour suivre l’EAS avec un thérapeute. De plus, elles peuvent trouver que la dynamique des émotions et des expressions dans l’EAS produit une surstimulation, ce qui peut entraîner une diminution de la concentration et de l’apprentissage.

Pour surmonter ces obstacles, une étude récente a cherché à modifier l’EAS en introduisant un format de prestation robotique, les participants interagissant avec des robots plutôt qu’avec des thérapeutes. Cette approche présente également l’avantage de faciliter des interactions standardisées, permettant ainsi l’apprentissage par la répétition. En outre, les auteurs ont émis l’hypothèse que les participants resteraient plus engagés avec les robots qu’avec les thérapeutes humains.

Dans cette étude, les chercheurs ont préparé des interactions sociales entre un robot androïde (c’est-à-dire, un robot réaliste à l’apparence humaine) et un robot humanoïde rudimentaire. L’étude s’est déroulée sur cinq sessions. Au cours de la première moitié de chaque session, deux participants présents dans la salle d’expérimentation ont observé cinq interactions sociales entre les robots (ces interactions étaient téléopérées par un assistant de recherche dans une salle adjacente). Ensuite, on leur a été demandé de rapporter les émotions des robots et les causes de ces émotions afin d’identifier les réponses sociales appropriées et inappropriées. Pour la seconde moitié des sessions, les deux participants étaient l’un en face de l’autre et téléopéraient les robots dans les mêmes situations sociales que celles vues dans la première moitié de la session. Avant la première session et deux semaines après la dernière session, les participants ont pris part à une évaluation de leur sociabilité. Cela a permis aux chercheurs de déterminer si leurs compétences sociales s’étaient améliorées à la suite de l’intervention.

Dans l’ensemble, les participants ont obtenu de meilleurs résultats sur l’échelle de sociabilité après l’intervention qu’avant l’intervention, bien qu’il n’y ait pas eu de changement dans les scores d’empathie. Tous les participants ont terminé l’étude, ce qui a rassuré les chercheurs concernant le manque possible de motivation pour l’EAS. De plus, bien que cette étude se soit déroulée dans un environnement très contrôlé, les compétences sociales des participants se sont généralisées dans le monde réel.

Bien que cette étude offre des avancées prometteuses dans le domaine de l’EAS, elle présente certaines limites. Tout d’abord, l’étude ne comptait que quatorze participants, dont la plupart étaient des hommes. Par conséquent, les résultats pourraient ne pas s’appliquer à d’autres populations, y compris les femmes présentant un TSA. De plus, l’étude n’a pas inclus de groupe de comparaison dans lequel l’EAS aurait été menée par des thérapeutes humains.

Enfin, d’autres travaux intéressants ont été réalisés dans ce domaine. Par exemple, une étude de 2022 avec des enfants présentant un TSA n’a trouvé aucune différence majeure entre une intervention psychosociale impliquant un “assistant thérapeute robot” et la même intervention menée par des thérapeutes humains uniquement. Toutefois, la satisfaction était plus grande dans le groupe avec un assistant robot. En conclusion, les interventions assistées par des robots représentent une avancée prometteuse pour l’amélioration des compétences psychosociales chez les personnes présentant un TSA.